Pourquoi le jeu est important pour les jeunes enfants ?

La prochaine fois que vous pensez que votre enfant « ne fait que s'amuser », repensez-y. Le jeu est fondamental dans son développement. Découvrez pourquoi le jeu est aussi important, sinon plus, que la lecture, l'écriture ou le calcul.

De nombreux parents considèrent que le jeu est seulement un moyen qui permet à leurs enfants de s'amuser et de passer le temps. N'utilisons-nous pas souvent la formule « Oh, il est seulement en train de jouer » ? Il n'y a cependant pas de « seulement » qui tienne. Allons même jusqu'à dire que le jeu est aussi important, sinon plus, que l'apprentissage de la lecture, de l'écriture ou du calcul pour le développement de votre enfant.

Quel est le rôle du jeu ?

Le jeu occupe un rôle fondamental dans le développement des aptitudes sociales, émotionnelles, linguistiques ou intellectuelles de votre enfant. Il lui permet d'étendre son savoir sur les choses complexes du monde, telles que :

  • la taille

  • la forme

  • la gravité

  • le poids

  • la rigidité

  • la flexibilité

    Nous devons par ailleurs considérer que de tels enseignements surviennent déjà dès les premiers mois d'existence. Le jeu est également propice au développement de la motricité fine et globale, ainsi qu'au renforcement des muscles de votre enfant, qui lui permettent de grimper, de courir et de manipuler des objets lourds.

    Outre la découverte des propriétés des objets, le jeu encourage :

  • l'inventivité

  • l'imagination

  • la créativité

  • la résolution de problèmes de toutes sortes

À quoi sert le jeu ?

La complexité des jeux d'un jeune enfant vous laissera souvent sans voix. Le jeu est donc essentiel au bon développement mental et physique des jeunes enfants et les aidera progressivement à comprendre le monde qui les entoure.

Mais vous pourriez tout aussi bien vous poser la question suivante : en quoi le fait de simplement pousser deux cubes sur le sol, en prétendant que ce sont des voitures et en criant « vroum, vroum, vroum », peut-il contribuer à établir des connexions à long terme dans le cerveau de bébé ?

Vous n'avez probablement jamais pensé que le jeu pouvait occuper une fonction aussi importante. Étudions donc le jeu sous toutes ses coutures et intéressons-nous aux implications réelles de ces activités apparemment anodines dans lesquelles les enfants s'immergent durant les premières années de leur vie.

À quel âge le jeu commence-t-il ?

Il est parfois difficile de distinguer clairement le jeu de l'exploration, notamment lorsque bébé, perché sur sa chaise haute, jette constamment des jouets éducatifs par terre. Est-il en train de jouer, d'essayer d'agacer maman ou expérimente-t-il la gravité ? C'est probablement un mélange de ces 3 réponses. Toutefois, le jeu occupe un rôle essentiel dans le développement. Les aspects ludiques de toute activité ne doivent pas être négligés.

Selon la conception que chacun se fait du jeu, celui-ci commence en fait vers le troisième mois de vie, lorsque bébé passe des heures à essayer de toucher les objets pendus au mobile de son lit ou à tenter d'attraper ses orteils.

Ces activités apparemment anodines mènent progressivement à une coordination main-œil et permettent l'établissement de nouvelles connexions dans le cerveau des bébés, lesquelles sont désignées comme le « cortex visuel » et le « cortex moteur ». Les connexions qui se produisent dans chaque zone du cerveau et entre ces différentes zones sont fondamentales pour le développement.

Que ressent bébé quand il joue ?

Quand ils jouent, les bébés deviennent des physiciens en herbe, car ils découvrent des objets et des jouets éducatifs de taille, de forme et de poids différents, ainsi que les sons qu'ils émettent quand on les cogne sur une surface dure.

Prenez le temps d'observer votre bébé quand il se concentre complètement sur la préhension d'un nouvel objet et remarquez le plaisir qui illumine son visage quand il parvient à attraper quelque chose ne serait-ce que momentanément. Le plaisir qu'il ressent alors libère dans son cerveau des substances chimiques, appelées endorphines, qui lui apportent une sensation d'apaisement et de satisfaction.

Quelle différence entre le jeu symbolique et le jeu fonctionnel ?

Les psychologues distinguent généralement 2 types de jeux : le jeu fonctionnel et le jeu symbolique.

Le jeu fonctionnel consiste à manipuler des objets conformément à l'usage pour lequel ils ont été conçus :

  • attraper les éléments d'un mobile

  • faire rouler un ballon

  • construire des tours et des ponts

Le jeu symbolique est en revanche bien plus intéressant. Au cours de ce jeu, votre enfant invente non seulement une histoire autour du pont ou de la tour mais, à partir d'environ 18 mois, il commencera aussi à se servir des objets en les détournant de leur fonction habituelle.

Exemple de jeu symbolique

Bébé attrape une banane et fait comme si c'était un téléphone, puis part dans une grande discussion imaginaire en parlant à la banane ! Les objets quotidiens peuvent ainsi se transformer en jouets éducatifs. Votre petit bout peut également prendre un de ses doigts pour un chien et lui faire parler à un autre doigt qui sera un chat !

Qu'est-ce qui fait qu'un enfant substituera un objet à un autre ou même engagera une conversation imaginaire avec ses mains nues ? Les psychologues estiment que cette possibilité de penser symboliquement constitue une étape fondamentale dans le développement des capacités cognitives de l'enfant.

Reprenons l'exemple de la banane et du téléphone :

  • Votre enfant remarque d'abord la ressemblance de forme

  • Il met de côté ou cloisonne dans son cerveau tout ce qu'il sait sur les vraies bananes: elles sont toujours par paquets, on peut les manger, elles ne font pas de bruit

  • Il attribue momentanément à la banane qu'il tient en main toutes les caractéristiques qu'il connaît des téléphones: (ils sonnent, ils permettent de parler à des personnes qui ne sont pas là), de façon à ce que la conversation imaginaire puisse commencer.

Monde imaginaire

Il est impératif pour cela que l'enfant soit capable de créer momentanément dans son cerveau une nouvelle représentation imaginaire et qu'il puisse la séparer de sa représentation mentale du monde réel. Dès lors, il peut vivre dans le monde imaginaire (en faisant « comme si ») qu'il s'est fabriqué : cette banane est un téléphone. Pendant ce jeu, vous ne verrez pas l'enfant essayer de manger la banane qui lui sert de téléphone !

Pourtant, tout en jouant, l'enfant ne supprime pas de sa mémoire les fonctions réelles des objets (ce qu'il sait sur les vraies bananes), car dès que le jeu est fini, il peut l'éplucher et la manger !

Certains psychologues avancent que le monde du « comme si » dans le jeu symbolique est un précurseur important de la compréhension chez l'enfant plus âgé d'expressions hypothétiques telles que « si les chiens avaient des ailes ils pourraient voler ».

Pour créer ce qui paraît être un simple épisode de jeu symbolique, le cerveau du bébé doit faire intervenir des mécanismes mentaux complexes et rapides.

Quels mécanismes mentaux sont concernés ?

Bien que le jeu symbolique apparaisse au cours de la deuxième année de l'enfant, il peut continuer jusqu'à l'âge de 5 ans, voir au-delà. Ce qui le rend important ce sont les mécanismes mentaux du cerveau, nécessaires à l'élaboration du jeu : l'enfant doit créer une représentation mentale des protagonistes et des objets du jeu et se souvenir des rôles qu'il leur a attribués. C'est un très bon exercice pour faire travailler la mémoire.

Il peut par exemple :

  • prendre 2 poupées identiques et décider qu'une sera la maman et l'autre le nouveau-né

  • décider qu'une perle est un bout de chocolat

  • attribuer le rôle d'un bus à un morceau de bois

Une fois le décor planté, l'enfant va devoir faire vivre ces représentations pendant toute la durée du jeu. Ce n'est pas une mince affaire pour un tout-petit, parce que les objets symboliques ne ressemblent souvent pas du tout aux objets qu'ils sont censés représenter.

Raconter une histoire

Souvent, entre 2 ans et 2,5 ans, les enfants racontent à voix haute une histoire pendant le jeu, une histoire issue de leur imagination ou bien qui leur fait revivre quelque chose qu'ils n'ont pas bien compris ou qui les a marqués sur le plan émotionnel.

Cet exercice les oblige à garder en mémoire l'ordre des péripéties de l'histoire. Alors, tout en observant ces moments de jeu apparemment tranquilles, écoutez bien l'histoire merveilleuse que votre enfant est en train de chuchoter et souvenez-vous que cela requiert de sa part d'énormes efforts de mémoire, d'imagination et de langage.

2 modes de langage

Au cours d'une étude intéressante menée aux États-Unis, on a observé des enfants en situation de jeu symbolique et on a enregistré leurs paroles. L'étude a révélé que les enfants utilisaient 2 modes de langage pour communiquer exactement la même idée, selon qu'ils jouent eux-mêmes un personnage dans l'histoire ou qu'ils se contentent de la raconter.

Par exemple, l'un des modes du futur est adopté lorsque l'enfant parle à travers l'un des personnages de l'histoire : « Je vais au parc maintenant ». Mais s'il s'arrête un instant pour raconter un détail de l'histoire, il utilise le futur sous une autre forme pour communiquer la même idée (« Je vais prendre l'autre poupée maintenant, comme ça le papa pourra rentrer à la maison »).

Remarquant la récurrence de cette observation, les chercheurs ont conclu que les enfants utilisent des formes de langage différentes selon qu'ils sont eux-mêmes dans le jeu symbolique ou qu'ils s'en extraient pour inventer des personnages ou des situations, tout en exprimant la même idée.

Repousser les limites de la réalité

Ce sont des indices importants pour comprendre comment les enfants signifient par le langage qu'un jeu symbolique est en cours. Durant ce jeu, les limites de la réalité peuvent être repoussées pour pénétrer dans l'univers de jeu que s'est créé l'enfant intérieurement.

Et donc, au cours du récit imaginaire, les oiseaux parlent, les crayons sont cuits et mangés, de l'eau imaginaire est versée d'une carafe et doucement aspirée par une règle faisant temporairement office de paille.

Essayez d'imaginer toutes les nouvelles représentations mentales et fugitives que doit gérer le cerveau d'un enfant, sans endommager les images durables qui concernent le monde réel.

Le jeu symbolique offre des possibilités quasi illimitées. Vous ne devez jamais estimer que les jeux de votre enfant sont ridicules. En fait, il se comporte comme un dramaturge créatif, qui construit l'intrigue et structure son récit, joue plusieurs personnages, tout en sollicitant son imagination et son intelligence de multiples façons.

Comment le jeu contribue au développement émotionnel de l'enfant ?

On ne saurait trop souligner le rôle du jeu dans le développement émotionnel de l'enfant. Souvent, les enfants affrontent les situations difficiles, comme la naissance d'un frère ou d'une sœur, en les intégrant dans le secret rassurant du jeu dans leur petit monde à eux.

D'ailleurs, les thérapeutes pour enfants utilisent souvent le jeu pour venir en aide aux enfants qui ont subi des traumatismes. En tant que parent, vous comprendrez mieux les peurs et les angoisses de votre enfant en l'observant jouer plutôt qu'en lui posant des questions directes.

Alors, au lieu de lui demander « est-ce que tu es contrarié ? », ce qui lui demande de mettre des mots sur ses sentiments, ce qu'il ne peut pas faire au stade de développement où il se trouve, vous pouvez déceler ses sentiments profonds en regardant attentivement comment il joue.

La colère et la jalousie peuvent souvent être atténuées en passant par le jeu avec les poupées. C'est donc une bonne idée d'acheter un poupon à votre tout-petit si vous attendez un deuxième enfant. Ne grondez pas votre tout-petit s'il crie après le poupon ou s'il le frappe. C'est plutôt bon signe, car il essaie ainsi de comprendre et de contrôler les nouveaux sentiments qu'il éprouve, en canalisant son anxiété jusqu'à son monde imaginaire, loin du vrai bébé du monde réel.

Mieux comprendre la société

Les enfants se servent aussi du jeu pour représenter la société. À l'aide de leurs poupées, ils mettent en scène des personnages sociodramatiques, comme par exemple :

  • un instituteur

  • un conducteur de train

  • une maman

  • un papa

  • un bébé

  • un policier

Il intègre ces personnages dans une multitude de scénarios compliqués, afin de mieux cerner les différents rôles et de comprendre progressivement quelle est leur place dans leur environnement social en pleine expansion.

Donc, la prochaine fois que vous verrez votre enfant occupé à « s'amuser gentiment », comme vous le pensiez avant, observez-le avec un autre état d'esprit et pensez à toutes les connexions intelligentes qui se créent dans son cerveau en plein développement !

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